UX/UI : CTRL + ALT + Dépression

22 octobre 2022

Manon Gruaz nous a décrit le cheminement qu’elle suivi au cours de dépression.

“La dépression, c’est tout remettre en question.”

Ainsi, elle nous explique qu’au début, tout est là pour que ça aille bien. On travaille à fond, on s’implique dans son travail et un jour… on ne trouve plus le sommeil, on encaisse, et on met de côté sa vie privée. On a du mal à réfléchir et à se concentrer. On se dit “t’es nul !“.

Quelques temps plus tard, elle ne peut vraiment plus, elle est à bout. C’est ainsi que son médecin lui diagnostique un burn-out. Elle se dit : “C’est que j’ai (trop) bien travaillé !“.

Au départ, on lui dit qu’il faut quelques mois de repos et que ça devrait aller mieux après. Mais pas mal de mois plus tard, ça ne va toujours pas… Elle voit alors une nouvelle doc, qui prononce ce mot : “dépression”. Manon ressent alors la honte : la dépression n’est pas reconnue par la société, à cause des clichés et du regard des autres…

Elle explique ensuite ce qui se passe dans le cerveau d’un dépressif : il y a une baisse de la sérotonine qui gère l’humeur, l’appétit, le sommeil, le lien social. C’est ainsi que beaucoup de choses deviennent comme “vides”.

“La dépression, c’est ton corps qui dit ‘merde’ à ce que tu as mis en place”

Elle nous présente ensuite un super gâteau en 3 pièces pour représenter comment la génération des années 1980 - 1990 vit souvent le travail.

Les enfants nés dans les années 1980 - 1990 ont le culte du “métier passion”, du “I love my job !“. Il y a la culture du super-héros : il faut en faire toujours plus !

On veut l’ultra-performance : il faut briller, être parfait (Ninjaaaa !). On peut aussi y ajouter la culture du patriarcat.

Et le designer dans tout ce gâteau ? Il se trouve en haut : c’est un métier où on a beaucoup plus de dépressions que la moyenne.

Aujourd’hui, Manon va mieux, mais sait qu’elle peut encore être fragile : il faut vivre avec cette dépression qui peut potentiellement revenir, il faut vivre avec sa fragilité.

Elle nous a montré des choses qu’elle a mises en place pour aller mieux. Ainsi, elle dit qu’il faut se faire des “auto-câlins”, pour s’auto-traiter avec bienveillance. Il faut s’écrire des petits mots sur le miroir comme “Je suis assez”. Car oui, on ne peut pas être super-man ou wonder-woman ! Il faut prendre soin de l’estime de soi.

Pour soigner la dépression, elle rappelle aussi que c’est un travail d’équipe ! Elle a vu différents spécialistes pour aller mieux (psy, ergothérapeute, médecin)… mais ses amis ont aussi été très importants.

44% des femmes sont touchées par la dépression, contre 33% des hommes.

Je me souviens qu’elle nous a aussi dit que quand elle a progressivement repris le travail, elle faisait juste le nombre d’heures attendu (et tant pis pour le collègue avec qui elle parlait à 16h59 ! haha !) mais que tout le monde trouvait qu’elle faisait un très bon travail !

Je finirai ce résumé du speech de Manon avec une phrase qu’une collègue proche de la retraite m’avait un jour dit, alors qu’on avait beaucoup de boulot et que nous n’étions pas assez nombreux pour faire tout ça :

On fait ce qu’on peut, avec les moyens qu’on a !

Je garde toujours cette petite phrase dans un coin de ma tête pour me rappeler qu’il faut parfois un peu lever le pied de l’accélérateur.